Quand les gens sont heureux, ils cherchent désespérément ce qui pourrait leur faire du mal
Cher lecteur, chère lectrice,
Imaginez : tout va bien. Vous êtes heureux, épanoui, presque béat. Et soudain, cette petite voix surgit : « Ça ne peut pas durer… Quelque chose va mal tourner. » Résultat ? Vous vous retrouvez à scruter l’horizon du bonheur comme si vous attendiez une météorite. Mais pourquoi, diable, sabotons-nous nos propres éclats de joie ?
Cette tendance à chercher la petite bête alors qu’il n’y en a pas pourrait bien révéler un phénomène fascinant : le bonheur, aussi agréable soit-il, peut déstabiliser nos habitudes émotionnelles. Et comme nous détestons l’incertitude, nous faisons ce que nous savons faire de mieux : réintroduire du chaos pour retrouver un équilibre familier.
Le bonheur : une expérience déstabilisante
En Gestalt, on parle souvent du concept de « boucle inachevée » : une tension intérieure qui cherche à se résoudre. Mais que se passe-t-il quand la boucle est… bouclée ? Eh bien, notre système interne, habitué à jongler avec des manques ou des conflits, panique un peu. Il active une sorte de réflexe conditionné : « Attends, trop de bien-être, c’est louche. Où est le piège ? »
Prenons un exemple : vous êtes en vacances, les pieds dans le sable, un cocktail à la main. Tout semble parfait, mais vous voilà en train de penser : « Est-ce que j’ai bien fermé la porte de la maison ? Et si un raton laveur squattait ma cuisine ? » Votre cerveau, incapable de tolérer une tranquillité totale, invente une nouvelle tension.
Le bonheur, cet intrus qu’on suspecte
Il y a aussi la peur d’être déçu. On observe souvent cette difficulté à rester dans l’instant présent : beaucoup préfèrent anticiper un malheur imaginaire plutôt que de risquer de vivre un bonheur qui, peut-être, s’éclipsera. Mais si on y réfléchit, c’est un peu comme dire : « Je ne vais pas croquer dans ce gâteau, au cas où il ne serait pas bon. » Résultat : on passe à côté du plaisir.
Quand la voix du passé s’invite
L’humain est une créature d’habitudes. Si, dans votre passé, on vous a appris que « le bonheur ne dure jamais », vous avez peut-être intégré cette croyance au point de la transformer en prophétie auto-réalisatrice. En therapie, on explorerait cela comme un contact figure-fond : ce que vous vivez ici et maintenant (votre bonheur) est constamment pollué par des résidus d’expériences passées. En gros, vous êtes heureux, mais vous vivez comme si vous aviez encore une ardoise à régler avec vos vieux démons.
Quelques remèdes (avec une pincée d’humour)
Débusquez la petite voix saboteuse
Quand elle commence à chuchoter des « et si… » douteux, répondez-lui : « Merci pour ton inquiétude, mais là, je suis en pleine sieste du bonheur. Reviens plus tard. »
Apprenez à digérer le bonheur
Le bonheur, ça se savoure lentement. Au lieu d’anticiper l’orage, posez-vous la question : « Comment je me sens maintenant, dans mon corps, dans mon cœur ? » L’idée est de se connecter pleinement à l’instant présent, sans chercher à tout rationaliser.
Soyez curieux du vide
Quand tout va bien, laissez-vous être. Ce « vide fertile », comme on l’appelle en Gestalt, est un espace où de nouvelles expériences peuvent émerger. Accepter de flotter dans le bonheur, sans chercher à combler le vide, c’est comme flotter dans une piscine : plus vous luttez, plus vous coulez.
Le bonheur, une aventure à vivre
Finalement, être heureux, c’est accepter de ne pas tout contrôler. C’est un saut dans l’inconnu, un peu comme prendre un taxi sans savoir si le chauffeur va vraiment suivre le GPS. Mais c’est aussi là où réside toute la magie : dans l’instant, brut et imparfait, qui ne demande qu’à être vécu.
Alors, la prochaine fois que votre bonheur vous fait peur, rappelez-vous : vous n’êtes pas obligé de chercher la tempête. Parfois, le ciel bleu est juste… bleu. Vous avez le droit de vous y baigner sans attendre l’orage.
Votre dévouée,
Stéphanie